« L’attente, l’oubli… » Réflexions à huis-clos

« Ici, et sur cette phrase qui lui était peut-être destinée, il fut contraint de s’arrêter. »
Ainsi commence l’ouvrage de Maurice Blanchot, L’attente, l’oubli.
Je m’arrêtais donc.
Cette série photographique propose une mise en scène de l’attente et de l’oubli, notions chères à cet écrivain. Dans cette histoire, les protagonistes sont deux à attendre, à oublier. Pourtant, ils tentent chacun de se rappeler… à travers l’absence et le silence.
J’ai choisi de travailler avec cette idée que l’absence de l’autre renforce sa présence dans cet espace vide. De fait, la mise en scène s’appuie sur un huis-clos, qui prend ici toute son importance comme décor mental et physique. Seule la lumière du jour vient éclairer ses réflexions, ses interrogations et ses doutes face à cette attente, à cet oubli.
Voici donc une jeune fille et un jeune homme qui sont face à une présence par l’absence. Dans une immersion temporelle face à l’attente et l’oubli. Une temporalité du vide et des souvenirs perdus. Dans un silence profond.
Qu’ont-ils oublié? Qu’attendent-t-ils ?
L’attente et l’oubli continuent à se faire entendre. Sourdement, intérieurement.
Je m’arrêtais donc sur ce livre, sur cette phrase, sur ces notions. Avec ce désir qu’existe, entre l’attente et l’oubli, le doute. Ce doute palpable d’un souvenir qui revient, d’une attente qui va peut-être prendre fin. Et c’est dans cet entre-deux, à cet endroit précis, que cette série tente d’attraper cet instant fugace du « et si… »